Pour tenter de percer le mystère de sa condition, nous pouvons toutefois compter sur elle et son caractère singulier. Elle nous laisse comme fil d’Ariane quelques photographies où elle accepte de s’offrir, non pas dans la déchéance vers laquelle les moralisateurs voudraient la cantonner, mais étalant, outrageante et rayonnante, ses particularités au sein de l’éternel féminin. Parfois, l’après-midi, avant l’affluence de l’amour vénal qui se consomme plutôt à la nuit, elle accède à la requête de rares photographes amateurs, moyennant une rétribution conséquente, plus proche de celle des spécialités qu’elle maîtrise que du dépucelage d’un potache. Là, elle s’exécute, mais aussi propose, se révélant souvent provocante et parfois maladroite. L’image ainsi conçue ne circulera pas. Si elle n’est pas destinée à servir la maison, elle restera confinée au fond du second rayon d’une bibliothèque bourgeoise et dans le secret d’une complicité unique, née entre la fille et son voyeur. Pour la plupart, ces photographies n’existent qu’en un seul exemplaire, et sont découvertes de façon épisodique et hasardeuse Néanmoins, tout chercheur, tout collectionneur, poursuit inlassablement son Graal. Dans une quête aussi captivante… Extrait de la préface d’Alexandre Dupouy.