La « décade de l’illusion » commence le 14 juillet 1919, jour des fêtes de la Victoire, pour s’achever le 24 octobre 1929, jour du krach boursier de Wall Street. Dix ans de fêtes, d’orgies, de créations et de progrès techniques qui permettent à une frange ouverte au libertinage l’acquisition d’appareils photographiques. Au hasard de certains albums de famille ou dissimulés au fond de pochettes anodines, nous découvrons parfois des images licencieuses, résultat des turpitudes de couples émancipés. Malgré certaines difficultés techniques qui subsistent, les libertins décident de pimenter leur sexualité en s’exhibant. Et ce dévergondage photographique n’épargne aucune catégorie sociale. L’ancienneté et la rareté de ces clichés, la nostalgie de cette époque à l’aube de notre univers contemporain, rendent éminemment sympathiques ces précurseurs défiant le puritanisme qui tente une dernière fois d’imposer un ordre moral tombé de plus en plus en désuétude. Les débauchés des Années Folles qui nous scandent « Faites l’amour, pas la guerre » sont les véritables aïeux de la révolution sexuelle des années 70. Et ces rares images parvenues jusqu’à nous demeurent les témoignages uniques de leur existence, occultée par nos livres d’Histoire relatant plus communément la guerre que l’amour et ses pratiques intimes.