Dans les années 40, rien ne va plus. Après la débâcle, le nouveau pouvoir cherche des coupables et prône le retour aux valeurs du Travail, de la Famille, de la Patrie. Les mœurs libertines qui se sont développées pendant les années 30 sont accusées d’être responsables de la dégénérescence de la “Race Française”. Alors débauche et luxure se terrent. Mais, comme pour exorciser cette décennie noire, les libertins cherchent malgré tout à faire partager leur intimité. Le matériel photographique de plus en plus perfectionné permet à chacun d’immortaliser l’instant et le corps du désir, de l’exhiber et de le conserver pour la postérité. La technique participe au développement de l’imagination. Flashes, jeux de glaces, profondeurs de champ, retardateurs deviennent les nouveaux jouets des turpitudes érotiques. Si maladresses il y a, elles se transforment en clins d’œil émouvants. Ces impudiques aux visages souvent dissimulés ont choisi de nous laisser les images de leurs exhibitions, nous rappelant que, même si à certaines périodes de l’humanité Éros peut être pourchassé, vilipendé, condamné, censuré, bâillonné, il reste omniprésent pour ses disciples émancipés de tout obscurantisme, de tout concept de péché, de culpabilité ou de rédemption et nous offre ici humour, plaisir et tendresse dans ce monde où trop souvent l’Histoire s’écrit dans la violence.